Conteuse et Guerrière Nubienne


Douceur de l’enfance
Imbali naquit dans une petite ville portuaire, non loin du Delta du Nil, dont le territoire était sous influence de la Nubie. Elle était l’ainée de sa fratrie. Sa mère Safia, conteuse, garante du savoir et de l’instruction de la jeune génération avait un rôle important au sein de la communauté. La jeune Imbali pensait que son destin était de devenir une conteuse à son tour une fois son enseignement militaire terminé. Le père de la jeune fille, Moja, un navigateur accompli, avait servi dans la marine nubienne durant plusieurs années avant de retenir dans sa ville pour épouser Safia. Il enseigna à ses filles et ses fils l’art à se diriger dans l’océan grâce aux étoiles.
A l’âge de 9 ans, Imbali quitta sa famille pour rejoindre l’académie militaire. Dans ces murs, elle fit la connaissance de Gnantimi. Au départ, les deux fillettes ne s'appréciaient guère. Imbali considérait la jeune Gnantimi comme une “agitée” et l’évitait, préférant les arts, la lecture et la philosophie à l’enseignement militaire que semblait affectionner sa consoeur.
Âme brisée et Découverte du Destin
Un an à peine après son entrée à l’académie, un messager venant des régions du Delta vint apporter à Imbali une triste nouvelle : la petite ville de son enfance avait été pillée et détruite par des hommes à la peau pâle venant des terres au nord de la Méditerranée. Après avoir saccagé les habitations et tué la plupart des habitants, ils capturèrent les enfants et les adolescents pour les emmener sur leurs navires et les revendre en esclaves…
Alors qu’elle écoutait l’émissaire, quelque chose se brisa dans l’esprit et l’âme d’Imbali et vola en éclats tel que son avenir auprès des siens à conter les histoires et légendes de son peuple. La jeune femme ne fut plus animée que par une seule chose : la vengeance. Ainsi disparut la petite fille, douce et patiente, qui rêvait de contes. Imbali décida de devenir une maîtresse de guerre Elle s’entraîna encore et encore, à s’en briser les os, n’hésitant pas à défier Gnantimi à la moindre occasion car cette dernière était considérée par ses consoeurs et leurs enseignants comme l’une des meilleurs élèves de l’académie. Combat après combat, Imbali devint plus forte. Elle était désormais considérée comme la plus intrépide, déterminée et sauvage de sa classe. Malgré leur rivalité apparente les deux femmes se rapprochèrent et devinrent rapidement de proches amies.
Après leurs classes, alors qu’elles eurent atteint leur seizième année, Gnantimi et Imbali partirent en guerre d’abord en qualité de lieutenant avant de, par leur talent et leur détermination, monter rapidement en grade jusqu'à obtenir le commandement de leur propre navire à seulement vingt ans puis de leur flotte à vingt-quatre ans.
Parallèlement à sa carrière militaire, Imbali, avec l’aide de plusieurs soeurs d’arme, traqua avec acharnement différents groupes de mercenaires esclavagistes nichant sur les côtes méditerranéennes. Elle espérait à chaque nouvel assaut tomber sur les responsables du massacre sa famille. Imbali, depuis la destruction de sa ville natale, nourrit un profond mépris pour les guerriers à la peau pâle, vaniteux et cruels. Pour chaque homme et femme esclavagiste qu’elle tua, la nubienne se scarifia la peau d’un trait de deux centimètres si bien que bientôt son corps fut presque entièrement recouvert de ces marques, témoignant de sa détermination dans la vengeance.
Guerre, Malédiction et Errances
Les années passèrent et vinrent le jour où Gnantimi et sa flotte furent envoyées soutenir une citée alliée menacée. La guerre dura trois ans. Et alors que la victoire était enfin acquise, L’archiprêtre de la cité ennemie vaincue, s’étant révélé être l’incarnation vivant de Cythrul - une ancienne divinité nubienne déchue - lança une malédiction sur toute la flotte de Gnantimi, la condamnant à errer durant trente ans sur les mers sans jamais parvenir à retrouver le chemin de la Nubie. Il promit également de revenir en s’emparant de l’esprit de l’enfant d’une des femmes qui naitrait durant leur périple. En entendant ces mots, Imbali banda son arc et envoya une flèche au travers la gorge de l’archiprêtre.
Durant dix ans, Imbali et Gnantimi tentèrent de ramener leurs navires sur les côtes nubienne mais chaque fois qu’elle pensait se rapprocher de l’objectif, les étoiles les trahissaient et les dirigeaient vers un tout autre endroit. Elles découvrirent des régions et des cités dont elles n’auraient jamais pu soupçonner l’existence. Ainsi elle passèrent presque un an sur une île grecque dirigée par un prince sage et clairvoyant. En ces lieux, Imbali fit la connaissance de Nicodème, le fils cadet du Grand Intendant d’une des cités de l’île. Ils se rencontrèrent durant un banquet organisé par le palais où Imbali utilisa ses talents de conteuse pour séduire l’esprit avide de connaissances du Prince qui accepta de les aider à repartir.
Nicodème apprit à connaitre et respecter Imbali et, plus important, il la conduit jusqu’au campement d’un clan de mercenaires connus pour sévir sur les terres nubiennes et menaçant les villages et cités du Prince. Imbali et ses soeurs marchèrent sur le camp et massacrèrent les hommes pâles jusqu’au dernier épargnant, sur les implorations de Nicodème, uniquement une femme sur le point d’enfanter.
Malgré les recommandations de son père, Nicodème, fasciné par Imabli et son histoire décida de quitter sa cité pour accompagner les femmes nubiennes dans leur périple. Il emporta avec lui le seul objet qui avait de la valeur à ses yeux : un hélicon à 8 cordes. Le jeune grec n’était pas un guerrier, même s’il avait reçu un enseignement militaire comme la plupart des nobles de son île. Il préférait le fil des paroles et que celle de la lame, la réflexion à l’impulsivité, le calme à la tempête. Et pourtant, il s’éprit d’Imbali, la guerrière scarifiée de presque sept ans son aînée. Après trois années passées en compagnie des nubiennes, Nicodème mourut d’un flèche en pleine poitrine, sous les yeux d’Imbali, durant une escale en Chypre.
Le jeune grec, ayant embrassé la croyance en un dieu unique, fut confié à une confrérie de moines pour être enterrer en leur abbaye. Imbali comprit qu’elle portait l’enfant de Nicodème quelques jours plus tard…
Au sein de la Meute
Les premiers mois de la grossesse d’Imbali ne passa essentiellement en mer. Alors qu’elle sentait le petit être grandit en elle, donnée ses premiers coups, les paroles de l’archiprêtre résonnaient en boucle dans sa tête. La perspective de porter l’incarnation de Cythrul, le dieu déchu du chaos et de la corruption, la terrifiait. Alors qu’elle venait de passer le septième mois, une tempête éclata au dessus de la flotte. L’océan se déchaîna sur leurs navires comme jamais auparavant. Les mats et les coques se brisèrent et certains bateaux furent engloutis par les eaux. Le navires d’Imbali et Gnatimi perdit une grande partie de son équipage et fut séparé du reste de la flotte…
Lorsque l’accalmie souvint enfin, à travers la brune du matin, une terre émergea à l’horizon. Rassemblant leurs dernières forces, Gnantimi, Imbali et leur ami médecin Marrick Fédora parvinrent à conduire le bateau jusqu’au rivage. Le vaisseau vint mourir sur la plage, tel une baleine échouant sur le sable.
Après avoir essuyé l’attaque de quelques sauvages s’exprimant uniquement à travers des grognements et des sifflements, les trois rescapés virent arriver un navire. Le capitaine de ce dernier se présenta comme un esclavagiste venu leur vendre quelques esclaves. Imbali serra les dents à cette annonce et se fit violence pour ne pas attaquer le forban et ses deux compères de front. Enceinte jusqu’aux dents, elle n’était plus en mesure de se battre au corps à corps. Elle s’appliqua à contourner le groupe d’esclaves et leurs tortionnaires, se tenant prête à dégainer sa lance pour la planter dans la gorge du capitaine. Mais, alors qu’elle s’approchait, une voix roque hala le groupe, leur ordonnant d’attaquer. Les esclaves sortirent des armes dissimulées sur leurs vêtements. Imbali comprit alors qu’ils venaient de tomber dans un piège grossier. Incapable de rivaliser devant le nombre, elle jeta ses armes au sol et ne montra aucune résistance.
Ainsi Imbali fit la connaissance des membres de la Meute, enfermée dans une cage à l’extérieur, sans abri pour se protéger de la pluie, du vents ou du froid, malgré sa condition et sous les menaces de finir mutilée. Leur chef, le skaar Bara, envisagea de l’éventrer pour lui arracher son bébé. Sa soeur Gnantimi fut conduite loin d’elle et tomba sous la responsabilité d’un des lieutenants du skaar, Horb Kadah, qui obtint la permission de faire d’elle ce qu’il souhaitait. Le pire fut ce que subit le pauvre Marrick, auquel les membres de la meute coupèrent un doigt et arrachèrent un morceau de peau pour tenter de faire plier les deux femmes.
Inflexibles, Imbali et Gnantimi les affrontèrent avec détermination et dignité. Voulant éviter de révéler leur rôle au sein de l’armée nubienne, au service de leur reine, Gnantimi se présenta comme une chasseresse amie et protectrice d’Imbali et cette dernière mit en avant sa qualité de conteuse, voyageant de cité en cité pour proposer ses services.
Étrangement, bien qu’elles furent régulièrement menacées, les deux nubiennes ne subirent pas de graves traumatismes physiques et furent autorisée à sortir de leur cage et à circuler quasiment librement dans le village quelques jours après leur arrivée. Cependant, Marrick fut maintenu dans sa cage, imbibés d’urine d’ours géants, malgré les risques infections de ses blessures.
Petit à petit, malgré les différents notables de culture, les nubiennes parvinrent à ouvrir le dialogue avec les membres de la meute. Imbali, ancienne vice amiral de la flotte nubienne, habituée à se faire obéir des femmes et des hommes sous sa responsabilité, fut obligée de mettre de l’eau dans son hydromel et fit énormément d’efforts pour tenter de comprendre la manière de penser et de percevoir le monde de leurs geôliers. Elles découvrirent l’origine de la peur et de la haine envers les étranges des habitants du village et surtout que plusieurs d’entre eux étaient d’anciens esclaves, ce qui toucha profondément Imbali.
Le destin ou la malchance aidèrent les deux femmes. En effet, les dieux pourtant vénérés par le village se déchainèrent. D’étranges et terribles créatures firent leur apparition et menacèrent les membres de la meute. Décidée à ne pas être des victimes collatérales de cette soudaine colère divine, Gnantimi et Imbali s’emparèrent des armes qu’elles étaient parvenues à cacher et combattirent auprès des habitants du village.
Imbali fut terrifiée de découvrir que certaines de ses créatures ressemblaient étrangement aux monstres que ses comparses et elle avaient du affronter alors qu’ils traversaient une mer d’illusions. A la différence que ces bêtes étaient désormais bien réelles et capables de les blesser mortellement. Les mots du l’archiprêtre et sa malédiction revinrent à l’esprit de la future mère. Portait-elle vraiment l’incarnation de Cythrul ? L’esprit du dieu déchu était-il parvenu à s’attirer les bonnes grâces de certaines des divinités du panthéon de la meute ? Elle devait en avoir le coeur net.
Alors que le village connaissait des manifestations divines de plus en plus forte, Gnantimi et Imbali furent autorisées par le Skaar à procéder à une cérémonie visant à entrer en contact avec Altalentis pour lui demander si Imbali partait en son ventre l’incarnation de Cythrul. Malgré les menaces de certains habitants prêtes à les sacrifier pour sorcellerie et l’apparition de plusieurs créatures tentant t’interrompre la cérémonie, les nubiens parvinrent à obtenir une réponse de la Plus Haute des Divinités…
Imbali tremblait des pieds et à la tête en apprenant que ses craintes étaient réelles. Que faire désormais et comment ? Alors qu’elle sentait venir les douleurs annonçant l’arrivée de la délivrance, elle décida de prévenir le skaar et la sarkine, ignorant complètement quelle serait leur réaction. Mais elle comptait sur l’instinct maternelle de la favorite du chef et également sur la capacité à résonner de Vane Bara.
Les aveux furent pénibles. Alors que les contractions se rapprochaient, Imbali confia son application au sein de l’armée nubienne, la guerre contre la cité sous l’influence de Cythrul, la malédiction lancée par l’archiprêtre et les dix années passées à errer sur les mers et les océans. La future mère expliqua également qu’il y avait un moyen de sauver le bébé sans être obligé de le tuer. Après avoir donné naissance, Imbali devait boire le sang d’Eresh, un puissant psychotrope permettant de voir le monde invisible et partir en quêté de l’esprit de l’enfant pour le ramener dans son corps enfin d’en bannir Cythrul.
Le skaar, inquiet pour la sécurité du village, craignant que la colère des dieux puisse être également en rapport avec la présence du Déchu du panthéon nubien demanda au jeune femme de reprendre un bateau pour quitter les environs du village. De son côté, Adda Yi’Wa, grâce aux indications d’Imbali, parvint à confectionner le Sang d’Eresh.
Gnantimi et Imbali partirent sur une petite embarcation. Elles naviguèrent jusqu’à perdre le village de vue et s’arrête sur un petit ban de sables désert. Alors qu’Imbali sentait arrivée la délivrance, deux abeilles longues comme un avant-bras apparurent et attaquèrent les deux femmes. Gnantimi les coupa en morceaux à coup d’épée. Les insectes abattus, des éléphants couverts de poils drus firent, à leur tour, leur apparition, suivis de serpents, de scorpions et de loups énormes. Mais au lieu de se jeter sur les jeunes femmes pour les mettre en pièce, les bêtes entourèrent simplement les deux femmes et assistèrent à la naissance d’abord d’une petit fille à la peau ébène puis d’un garçon aussi pâle que la lune.
Imbali observa ses jumeaux et perçut une ombre dans le regard de son fils.
Cythrul…
Sans attendre, elle ouvrit le bocal que lui avait confié la sarkine contenant un liquide sombre et épais, le Sang d’Eresh, et le but.
Ses sens en éveil, elle prit le bateau et se laissa guider par son instinct. Elle retourna aux alentours du village de la meute. Le sang d’Eresh la conduit jusqu’à une corniche ou se trouvait un jeune aigle posé sur le sol. L’animas se tourna vers elle et posa un glapissement. Il s’envola et plongea sur la jeune mère serres en avant. Imbali sortit son arc et le banda. En quelques flèches, l’anima tomba. La guerrière nubienne sortit une chaleur l’envahit, l’esprit de son fils était avec elle. Elle était parvenue à le trouver. Elle récupéra l’embarquement et se dépêcha de revenir auprès de son enfant. Elle se pencha sur le bébé et déposa un tendre baiser sur ses lèvres. Elle recula légèrement et observa les yeux du nouveau-né. L’ombre avait totalement disparu. Imbali sourit. Son fils avait désormais le regard clair et douce de Nicodème…
Après avoir discrètement récupéré Marrick resté au village, les deux guerrières mirent les voiles vers l’ouest. Le destin était incertain mais elles demeuraient déterminées. Elles devaient partir à la recherche des autres navires et des survivants. Elles étaient confiante car même si elles demeuraient maudites, le sort, qui les condamnait à errer ensemble sur les eaux encore durant vingt ans, finirait par ramener à leurs soeurs et leurs amis… un jour…
LE RETOUR DE LA NUBIENNE
Nom complet : Imbali de Nubie
Titre : Vice-Amiral de la flotte nubienne (déchue)
Origine : Royaume de Nubie en Afrique
Métiers : Charpentière et Éleveuse
Aptitude : Navigation
ID STEAM = 76561198978990339
Quelques Bribes du Passé…
I
Agenouillée, Imbali observait la flaque carmine qui se formait rapidement sur le sol et reflétait à la lumière pâle de la lune son visage blême et hébétée.
Elle entendit Jorig hurler plusieurs fois son nom au loin. Elle voulut lui répondre mais elle ne parvint qu’à sortir un râle guttural. Ses forces la quittèrent et elle se sentit basculer et roula sur le dos. La vue embuée par les larmes, elle vit une silhouette menaçante se penchait sur elle et perdit connaissance…
II
Les paupières lourdes, Imbali ouvrit les yeux. Sa cellule était minuscule : à peine six pas de larges et de long pour quatre pas de haut. Sa gorge, bandée de tissus tachés de sang, la faisait horriblement souffrir…
Elle observa la lune visible à travers les interstices des larges planches qui constituaient sa prison. Elle avait perdu la notion du temps. Combien de grains de sable s’étaient écoulés depuis sa capture ?
La tête lourde, elle se recoucha et s’abandonna à nouveau au sommeil. Dans les limbes, elle revit ceux qu’elle aimait et qui étaient loins d’elle désormais...
III
Les mains maculées de sang bruni, Imbali tenait fermement la barre de la petite embarcation.
Les yeux perdue dans l’horizon azur, elle s’efforçait d’ignorer les quelques cadavres qui jonchaient le pont.
Le vent soufflait dans les voiles et les portait, elle et le navire, loin de cette folie, vers la liberté retrouvée…
IV
La bête venait de succomber. Elle s'écroula, marquant d’écraser sous son poids Imbali.
La nubienne se redressa et contempla les trois énormes griffes plantées dans les pattes antérieures du monstre au bec d’oiseau. Des armes redoutables.
Alors qu’elle parvenait avec peine à se redresser, Imbali entendit un piaillement dans son dos. Elle se retourna et découvrit, à quelques pas, une créature pas plus grande qu’une volaille, réplique miniature de la bête qui avait tenté de les occire.
La nubienne s’approcha du petit qui ne chercha pas à fuir. Elle s’agenouilla et posa doucement sa main sur le crâne de l’oisillon-aux-griffes-de-sabre.
La créature se laissa flatter, en émettant de petits sons de contentement. Une idée folle germa dans l’esprit d’Imbali. Sans plus attendre, elle quitta les lieux en apportant le petit avec elle.
V
La voile du bateau battait furieusement contre le mat, menaçant de se déchirer davantage.
Imbali scruta l’horizon avec sa longue vue. Ces mers lui étaient inconnue.
De son côté, Babazeka montrait des signes d’impatience et grattait ses énormes griffes contre la caisse de vivres vides.
La nubienne jeta un oeil sur la boussole, dernier héritage de son père et décida de continuer vers le nord, espérant découvrir rapidement une nouvelle terre.
A l’Ouest, le ciel devenait de plus en plus sombre et menaçant…